C'est l'histoire d'Ethel, 7 ans, qui passe ses journées à jouer dans un cimetière, elle y entend le chant d'une baleine. Arrive Victor, 10 ans, garant des règles de bienséance de ce lieu. Sa présence bouleverse Ethel qui voit en lui un meilleur ami. Victor endosse le rôle de grand frère et de copain d'aventure. Pour comprendre ce qu'est la baleine, Ethel suit et traverse les pages du carnet de voyages dont Victor vient d'hériter d'un défunt de sa famille. Les deux enfants plongent dans le livre à la recherche de la baleine à laquelle Ethel souhaite s'adresser ! Dans cette histoire malicieuse où la baleine est le symbole apaisé de sa maman, il est logique qu'Ethel s'interroge sur la mort et les vivants. Pourquoi parler du deuil ne pourrait-il pas être tendre et drôle ? Le cimetière se change en bateau, mer et fonds marins, en temple et en ventre de baleine. Il abrite l'imaginaire des deux enfants. Entourée de musique live, de l'amitié espiègle de Victor et d'une souris, Ethel reprend sa vie et voyage vers un chant d'espoir. La pièce aide à comprendre l'absence.

Nous nous sommes aperçus, en jouant "Le Chant de la Baleine", que les enfants du public avaient tous connu un deuil, parfois lointain, parfois tout proche de leur famille. Un petit frère, l'amie d'une voisine, un enfant disparu ou une arrière-grand-mère. C'est ainsi que le personnage d'Ethel, en deuil de sa maman, leur permet de poser les premiers mots, les pensées, et de formuler les premières réponses. Le public enfant se met dans les pas d'Ethel et la parole leur est donnée. Il ne s'agit pas pour le texte du Chant de la Baleine de répondre coûte que coûte à cette énigme de la vie et de la mort, mais plutôt de suivre ces personnages d'Ethel et de Victor, jeune garçon aidant, leur découverte du deuil sans pathos, leur élan de vie et de rires.

C'est naturellement, que la musique a son rôle à jouer. La basse jouée par Victor l'aide à exprimer son désarroi puis son courage. Les basses profondes introduisent l'immensité de la baleine, symbole apaisé de la maman d'Ethel. Enfin, le travail de précision du multi instrumentiste Léo Grise sur scène accompagne le voyage d'Ethel, sensoriellement : Le chant de la baleine est chanté en direct avec un micro et des pédales d'effet qui reproduisent des sons de baleine. De nombreux instruments samplés ponctuent la mise en scène et l'entrée dans le fantastique. La mise en scène, gestuelle et en mouvement, possède plusieurs changements d'espace au plateau. Le parcours émotionnel des deux enfants change le cimetière en plaine de jeu, puis sous l'impulsion du carnet de voyage, le change en bateau. Il redevient enfin un lieu plus sensible, qui rend visible l'invisible, matière du lien avec la maman d'Ethel.

Nous sommes confiants dans l'habileté du texte de Catherine Daele (lauréat des EAT) à transmettre aux enfants un appui utile et rempli d'espoir.

Enjeux du deuil
Ethel entend cette vibration de la voix de sa mère, celle de la voix douce et universelle qui apaise le berceau. Depuis la mort de sa mère, Ethel n'est plus à sa place dans le système familial. Elle doit redevenir une petite fille dans le monde des vivants. Elle renaît dans le ventre de la baleine, en ressort trempée, à l'image du nouveau-né. Sortir de la baleine symbolise le retour de la vie. Ethel comprend qu'elle doit garder l'amour de sa mère dans son coeur et que le deuil ne doit pas diriger sa vie. Un autre monde l'attend.