Entretien des Grands Moulins : Le Paradoxe du comédien

Si le goût du philosophe pour le théâtre remonte aux années où il a tenté une audacieuse réforme globale de l'art dramatique, se croisent dans cette oeuvre tardive ses expériences et réflexions sur les sciences, les lettres, les arts, la politique, la morale.
Or il se trouve que le Paradoxe n'a cessé depuis sa publication au début du XIXe siècle de passionner les praticiens de théâtre de tous les pays. De Talma jusqu'à Brecht et au-delà, ils ont vivement réagi pro ou contra à cette thèse selon laquelle les grands interprètes doivent être dénués de toute sensibilité. Il leur faut jouer de sang froid, en contrôlant radicalement leurs émotions. Sinon, gare à la médiocrité !

Si d'autres, qui ne sont pas praticiens de théâtre, ajoutent leur mot à ce débat, c'est que le paradoxe du comédien, outre son intérêt professionnel, a une portée très générale, qui déborde le monde de la scène. Diderot continue de nous interpeller...